RECHERCHES SUR LA MALADIE - Diagnostic Mai 2006

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Date de rédaction :
01 avril 2006

Un test de trois minutes ?
Le professeur Joel Belmin, de l’hôpital Charles-Foix à Ivry-sur-Seine, travaille à la mise au point d’un test de dépistage destiné aux médecins généralistes, le Codex (Cognitive Disorder Examination), qui devrait être validé à la fin 2006. Le test dure trois minutes : questionnement sur trois mots, mini test de l’horloge et rappel des trois mots, complément facultatif sur l’orientation spatiale. Agevillagepro.com, 22 mai 2006
Protéines A bêta et protéine phospho tau : de bons marqueurs. 
La mesure de ces deux protéines dans le liquide céphalo-rachidien améliore de façon significative le diagnostic de la maladie d’Alzheimer, notamment à un stade précoce, ainsi que dans les MCI (Mild Cognitive Impairments). Chez les sujets atteints de la maladie d’Alzheimer, le peptide A bêta est produit en quantités excessives, de même que la protéine tau intracellulaire. L’équipe de neurologie du Professeur Bachkine, en collaboration avec celle de biochimie du CHU de Reims, a élaboré un index qui permet de définir des valeurs tests. En 2006, la fédération européenne des sociétés de neurologie a validé l’utilisation de ces marqueurs en pratique clinique. www.neuropsy.fr, article du docteur Marine Joras, 19 mai 2006
Mesurer les mouvements des molécules d’eau. 
Une équipe de chercheurs français, du Commissariat à l’Energie atomique, et japonais, du Centre de recherches sur le cerveau humain de l’université de Kyoto, a mis au point une technique d’imagerie cérébrale, l’IRMd (imagerie par résonance magnétique de diffusion de l’eau) permettant de visualiser certains des réseaux neuronaux. Il s’agit de mesurer les mouvements aléatoires des molécules d’eau au sein des cellules du tissu cérébral. En les décelant, l’IRMd révèle aussi bien l’activité des neurones que l’architecture fine du tissu neuronal. Cette nouvelle technique va faire l’objet d’une publication dans les comptes rendus de l’Académie américaine des sciences.
www.sante.net, 19 mai 2006 ; Le Monde, même date
Diagnostic trop tardif. 
Le rapport de l’Office parlementaire d’évaluation des politiques de santé a souligné le retard pris en France dans le diagnostic de la maladie d’Alzheimer. Le laps de temps écoulé entre le début des symptômes et la prise en charge de la personne malade est de vingt quatre mois soit douze mois avant que le médecin ne soit sollicité et douze mois pour que les procédures diagnostiques soient achevées. Ces données chiffrées placent la France derrière la moyenne européenne qui est de vingt mois. « Tout retard ou défaut du diagnostic peut-être considéré comme une perte de chance pour les malades ».
Le Quotidien du MédecinActualités Neurologie, 27 avril 2006 
Quels soutiens après le diagnostic ? 
L’intérêt d’un diagnostic précoce est un enjeu thérapeutique qui ne se limite pas à la prise en charge médicamenteuse, mais qui concerne aussi l’accompagnement de la personne malade et de son aidant, afin de prévenir les risques de dépression et de perte d’autonomie. Il est dès lors possible de mieux tenir compte des droits et des désirs des personnes malades. La Fondation Médéric Alzheimer a mené des observations à ce sujet dans une dizaine de pays. Dans le monde anglo-saxon, la prise en charge des patients est organisée non seulement sur le plan thérapeutique mais aussi sur le plan social (restauration de l’estime de soi, amélioration de la qualité de vie, soutien à la prise de décision d’ordre juridique et patrimonial….). Les offres d’accompagnement proposées après le diagnostic aux aidants familiaux évoluent vers des propositions dites mixtes, c’est-à-dire s’adressant conjointement aux malades et à leur famille. L’identification des besoins des personnes malades repose sur le case-manager médico social (gestionnaire de cas). Enfin des dispositifs à la fois d’information et de rencontre, les « maisons ouvertes », ont vu le jour dans ces différents pays. P. Dorenlot in Alzheimer, quelle prise en charge ? Agora Europe 2006 
L’aluminium est-il coupable ?
Une femme de cinquante-neuf ans est morte en Angleterre à la suite d’une maladie d’Alzheimer à développement ultra-rapide, quinze ans après avoir été victime d’une exposition brève et massive à une concentration d’aluminium dans de l’eau potable de cinq cents à trois mille fois supérieure à la dose maximale de tolérance. Vingt tonnes de sulfate d’aluminium avaient été déversées accidentellement dans une source. La détérioration mentale de la patiente avait été décelée en mai 2003 : dyslexie, dyscalculie, hallucinations. En février 2004 était apparue une aphasie, avec un tonus augmenté des membres inférieurs. Le décès est intervenu en avril de la même année. A l’examen post mortem, des taux d’aluminium très élevés ont été constatés dans les secteurs corticaux les plus atteints. Mais les chercheurs qui se sont penchés sur ce cas n’en tirent aucune conclusion certaine. La piste reste ouverte. www.neuropsy.fr, article du Dr Guy Benzadon, d’après une description du Journal of Neurology,Neurosurgery and Psychiatry, 24 avril 2006
Donner son cerveau. 
La Fondation pour la recherche sur le cerveau (FRC) est en train de constituer une banque tissulaire Alzheimer, qui doit s’ajouter à la « cérébrothèque » Parkinson, déjà attributaire de trois cent cinquante promesses de don. Problème : il faut obtenir le consentement en pleine conscience des malades, c’est-à-dire sans attendre un stade avancé. Les cerveaux, collectés dans les quarante-huit heures suivant la mort, serviront à alimenter un Centre de ressources biologiques (CRB) pour l’étude des maladies du système nerveux. AgeVillage.com, 18 avril 2006
BD GRECO, une nouvelle base de données des tests d’évaluation cognitive. 
On y trouve les vingt et un tests utilisés en pratique, répertoriés par fiche. Chaque fiche détaille l’objectif du test, la description, le principe et la cotation, les références et copyrights. Quatre groupes : tests d’évaluation de la sévérité du déficit cognitif, tests de la fonction cognitive spécifique, troubles du comportement, tests composites. Agevillagepro.com, 18 avril 2006
Déjà un brevet… 
La société française de biotechnologie ExonHit Therapeutics vient d’annoncer avoir déposé auprès de l’Institut national de la propriété industrielle un brevet d’invention sur un panel de gènes permettant d’identifier précocement, à partir d’une simple prise de sang, les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Les chercheurs affirment avoir découvert « une empreinte moléculaire associée au dialogue entre le système immunitaire et la neurodégénérescence caractéristique de la maladie d’Alzheimer ». Le Monde, 31 mai 2006
Une prise de sang pour dépister la maladie ? 
L’équipe du professeur Delacourte, de l’INSERM de Lille, a fait part au congrès du groupe européen de recherches médicales de ses avancées dans le dépistage de la maladie d’Alzheimer. L’idée consiste à repérer dans le sang des traces du liquide céphalo-rachidien qui portent en elles un marqueur des lésions provoquées par la maladie dans le cerveau. http://nord-pas-de-calais-picardie.france3.fr/, 4 avril 2006
Les surdités : un facteur aggravant des troubles cognitifs. 
La déficience auditive est un handicap invisible qui peut avoir des répercutions majeures sur la vie sociale d’une personne. On évalue en France à 4,5 millions le nombre d’individus concernés par une déficience de l’audition. Les deux tiers de ces malentendants ont plus de soixante ans. Le dépistage et la prise en charge s’avèrent essentiels si on veut éviter un isolement qui va majorer les différents troubles en particulier les troubles cognitifs.
Recherche et santé n°106, deuxième trimestre 2006 
La dépression, facteur de risque ? 
Pour certains auteurs, la dépression serait un signe précoce de maladie d’Alzheimer, avec une manifestation des symptômes plusieurs années avant les troubles cognitifs. A l’inverse, un état dépressif comme facteur étiologique d’un syndrome démentiel a été peu étudié. Une analyse de la littérature a été réalisée à partir de trente-neuf études de cohorte. Il semblerait que l’existence d’un syndrome dépressif chez le sujet âgé constitue plus une complication ou une manifestation révélatrice d’un syndrome démentiel qu’un facteur de risque pour le développement futur de la démence.
www.sf-neuro.org, le site de la neurologie présente les comptes-rendus du 28ème Congrès de San Diego (avril 2006)
Benzodiazépines : risque aggravé chez les seniors. 
La prise d’hypnotiques augmente avec l’âge, tout comme le risque de voir décliner les fonctions physiques. Une cohorte de plus de neuf mille sujets de plus de soixante-cinq ans, parfaitement valides en début d’étude a été suivie pendant plusieurs années. Le risque de développer une incapacité physique ou une limitation des activités de la vie quotidienne augmente respectivement de 23% et de 28% chez les patients qui prenaient régulièrement des benzodiazépines. La Lettre de Successfull Aging, 3 avril 2006
Démence, dépression et dénutrition. 
Une étude portant sur cent trente-neuf malades s’est attachée à analyser le rôle des thérapeutiques anti-dépressives sur l’état nutritionnel des malades et l’évolution de leur démence. Quelle que soit leur nature, les antidépresseurs semblent prévenir la perte de poids chez le patient dément. La dépression pourrait jouer un rôle dans la dénutrition du dément. Les déments non traités, car considérés comme non dépressifs, aggravent leur condition nutritionnelle. La question soulevée par cette étude est celle d’un sous diagnostic et d’un sous traitement de la dépression dans la démence.
La revue francophone de gériatrie et de gerontologie, article de P. Thomas, C Hazif-Thomas, J. P. Clément, J.M. Léger, n° 123, mars 2006.
Prendre en compte les facteurs de risque et les pathologies cardio-vasculaires.
Dans la genèse de la maladie d’Alzheimer, la théorie de la neurotoxicité initiée par les seuls dépôts amyloïdes est remise en question. Un nombre croissant d’arguments fait envisager un rôle central des facteurs de risque et pathologies cardio-vasculaires, de la maladie athéromateuse et du vieillissement de la paroi artérielle. Cependant, le lien entre athérosclérose, troubles vasculaires et troubles cognitifs demeure controversé. Ces débats ouvrent de nouvelles voies de recherche pour la compréhension de la physiopathologie de la maladie, le repérage des patients à risque et le développement d’interventions de nature préventive. 
La Revue de Médecine Interne, vol. 27, n°1, article de V. Antoine et A.S. Rigaud, janvier 2006 
Attention à la dénutrition. 
Les personnes âgées atteintes d’une démence de type Alzheimer ont souvent une dénutrition qui peut débuter assez tôt et accélérer l’évolution de la maladie. L’état nutritionnel de ces malades doit donc être surveillé régulièrement. Il faut en conséquence que les soignants en EHPAD reçoivent une formation portant sur les aspects de prévention et de prise charge des troubles nutritionnels dans la maladie d’Alzheimer. 
M. Ferry in Prise en soin du patient Alzheimer en institution – Institut Alzheimer – Masson 2006