Euthanasie : donner ou se donner la mort ?

Grégoire Moutel, du Laboratoire d’éthique médicale et de médecine légale de la Faculté de médecine Paris Descartes, considère que l’on n’a pas suffisamment clarifié les différences d’enjeux entre la mort de Vincent Humbert (à qui sa mère injecte une dose de barbituriques avant qu’un médecin ne débranche son appareil d’aide respiratoire) et celle de Chantal Sébire qui, semble-t-il, se donne elle-même en secret la mort après que la justice lui a refusé le droit à un suicide assisté. « Dans le cas de Mme Sébire, le suicide est possible par ses propres moyens. Dans le cas Humbert, il est impossible seul ». D’où la question : « pourquoi demander un geste accompagné lorsque le suicide serait possible ? » Or « donner la mort est différent de se donner la mort ». Dans ce second cas, « l’individu reste seul maître du jeu et responsable du geste ». Mais que ce choix soit « validé par la collectivité » amènerait « à des bouleversements conceptuels fondamentaux ». Bien davantage encore si la société devait accepter un « geste actif du médecin », « avec une protocolisation et des procédures dont la rigueur devrait être exemplaire ». D’où le refus que la décision se prenne dans l’urgence et la nécessité qu’en toute hypothèse « la notion d’exceptionnalité soit la règle, pour éviter toute banalisation ». Sept sociétés savantes (Société française d’étude et traitement de la douleur, Société française de gériatrie et de gérontologie, Société française d’anesthésie-réanimation, Société française d’hématologie, Groupe de réflexion sur l’accompagnement et les soins de support pour les patients en hématologie et en oncologie, Association nationale des médecins généralistes exerçant à l’hôpital exerçant à l’hôpital local) ont publié un texte commun dans lequel elles affirment leur hostilité à toute évolution de la loi vers une aide à mourir. 
www.ethique.inserm.fr , Grégoire Moutel, Fin de vie : donner ou se donner la mort ? Entre euthanasie et suicide assisté, éléments du débat suite à la mort de Chantal Sébire , mars 2008.La Croix, www.sante.net.fr ,7 avril 2008.