Fin de vie : une loi mal connue et mal appliquée

Droit des personnes malades

Date de rédaction :
01 mai 2008

La mission d’évaluation de la loi du 22 avril 2005 sur la fin de vie a procédé, mercredi 16 avril, à ses premières auditions publiques. Présidée par le député des Alpes-Maritimes Jean Leonetti, chargé par le Premier ministre de faire des propositions d’amélioration de la loi qui porte son nom, la mission rendra ses conclusions à l’automne. Elle devrait évaluer les conditions d’application concrètes de la nouvelle législation « mal connue des soignants et mal appliquée ».
Jean Leonetti précise que la mission s’intéressera « aux malades graves et incurables en situation avancée ou terminale, mais non au suicide assisté », et à l’opportunité légale d’ « exception d’euthanasie ». Pour le généticien Axel Kahn, « donner la mort, même pour des raisons de solidarité, doit toujours rester une transgression ».
Pour le Dr Véronique Fournier, directrice du centre d’éthique de l’hôpital Cochin de Paris, le « laisser mourir » que la loi autorise est encore refusé par beaucoup d’équipes soignantes et les mauvaises pratiques ne sont pas rares. La question que posent ces morts lentes de plusieurs jours est celle du statut de l’agonie dans notre société : une agonie autrefois socialisée, mais dont la société fait aujourd’hui l’économie, en raison de la médicalisation de la fin de vie qui concerne 70% des Français qui meurent à l’hôpital. « Faut-il réapprendre à la considérer comme un moment essentiel de la toute fin de vie ? » s’interroge le Dr Fournier. « Au travers de la question de l’euthanasie, la société demande aux soignants de sauter ce passage là, en réclamant une mort douce à la médecine ».
Le Monde , 19 avril 2008.