Maladie d’Alzheimer : le modèle français ? page 2

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
01 février 2008

Un effort important est prévu, d’autre part, en faveur des établissements : création de douze mille places spécifiques Alzheimer (180 millions), adaptation en personnels de cent quatre vingt mille places existantes (378 millions), reconstruction et adaptation de quinze mille places (180 millions). D’autres mesures portent sur les services que les maisons de retraite peuvent mettre en place dans le prolongement de leur activité ou avec lesquels elles sont amenées à travailler : création de services de soins de suite et de réadaptation spécifiques
Alzheimer (90 millions) et de services polyvalents d’aide et de soins à domicile pour cinq mille nouvelles places (169 millions) (lagedor.fr, 5 février ; www.agevillagepro.fr, 5 février).
C’est là, semble-t-il, que le monde associatif se montre le moins convaincu : ces places, font remarquer l’Uniopss et le Synerpa seraient en fait déjà prévues par le plan Solidarité Grand Age 2007-2012 ; priorité a été donnée à « la filière de soins et à la recherche médicale, tandis que le médico-social est réduit à la portion congrue » (www.senioractu.com, 4 février ; lagedor.fr, www.seniorscopie.com, 5 février ; www.directions.fr, 7 février).
Un milliard six cent millions d’euros sur cinq ans, dont trois cents engagés dès 2008 : Arlette Meyrieux, présidente de France Alzheimer, reconnaît « ne pas avoir les compétences pour pouvoir juger si c’est assez », tandis que le Synerpa et l’Uniopss: jugent clairement que c’est « insuffisant ». « Pas assez ambitieux », estime de son côté l’AD-PA (directeurs au service des personnes âgées).
Innovation de taille : une responsable unique, Florence Lustman, inspectrice générale des finances, est nommée par Nicolas Sarkozy pour veiller à l’exécution du Plan. Elle devra, à chaque étape, faire un point précis de l’avancement du chantier et proposer, le cas échéant, les ajustements qu’elle jugera nécessaires. A elle de démontrer que le nouveau plan répond vraiment aux attentes (www.agevillagepro.com, 4 février).
Mais l’Elysée n’est pas le seul lieu où se débat l’avenir des personnes âgées dépendantes. Devant la Mission commune d’information sur la dépendance et le cinquième risque du Sénat, Xavier Bertrand a indiqué que, dès l’an prochain, les Agences régionales de santé permettront de surmonter les cloisonnements actuels entre l’hôpital, les soins de ville et le secteur médico-social (www.senat.fr, 16 janvier). La couverture du « cinquième risque » lié à la dépendance, d’abord prévue pour 2008, sera retardée jusqu’à 2009 (www.agevillage.com, 11 février). Mais le mode de financement reste encore un sujet de large discussion (Le Monde, 10-11 février ; www.senat.fr, 16, 21 et 30 janvier) : quelle place pour le financement public ? pour la solidarité nationale ? pour l’assurance privée ?
Le sénateur Philippe Marin, président de la Mission sénatoriale, sonne cependant l’alarme : «Le cinquième risque est le risque de la vieillesse aggravée. C’est un sujet à vif en termes de représentations sociales () Ce serait une illusion de croire que répondre à ce grave problème de société sera sans trop de bouleversements sur la protection sociale » (www.seniorscopie.com, 7 février).
Dans le même temps, Valérie Létard, secrétaire d’Etat à la Solidarité, a présenté les plans régionaux des métiers au service des personnes âgées et handicapées. Elle évalue à quatre cent mille le nombre d’emplois créés à l’horizon 2015. Mais elle reconnaît qu’il faudra surmonter un obstacle de taille : la faiblesse des rémunérations (www.travail-solidarite.gouv.fr, www.lexpress.fr, www.lesechos.fr, www.mutualite.fr, 13 février).

Mais, au fait, que font, pendant ce temps-là, les pays étrangers le plus en pointe dans la lutte contre la maladie d’Alzheimer ? Que font les pays scandinaves ? la Grande Bretagne ? le Canada ? l’Australie ? la Nouvelle Zélande ? et nous en oublions Rien à l’horizon, en tout cas dans leurs journaux ou leurs sites internet. Ils en sont souvent à donner l’alerte. La Société Alzheimer du Canada demande aux parlementaires de s’engager à reconnaître la maladie d’Alzheimer comme priorité nationale (www.medicalnewstoday.com, 31 janvier). Les Ecossais s’étonnent que seuls quatre vingt dix établissements sur mille se soient formés à l’accompagnement spécifique des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer (www.sundayherald.com, 15 février; www.medicalnewstoday.com, www.alzscot.org, www.guardian.co.uk, 6 février). Le Sénat du Colorado (USA) étudie la création d’un conseil de coordination Alzheimer pour essayer de réguler les coûts de santé, les coûts émotionnels et la perte de productivité pour les entreprises, liés à l’accroissement du nombre de personnes atteintes, qui devrait doubler d’ici à 2025 (www.9news.com, 28 janvier).
Nicolas Sarkozy a annoncé qu’il profitera de la présidence française de l’Union européenne, au deuxième semestre 2008, pour proposer la tenue d’une conférence internationale sur ce sujet. Peut-on espérer qu’à cette occasion se dégage une sorte de « modèle français », fait tout à la fois de pilotage par l’Etat et de mobilisation de la société civile ?

Jacques Frémontier
Journaliste bénévole