Pratiques funéraires : prospective-fiction

Personne ne se hasarde plus à parler de mort ou de disparition. Le temps venu, l’individu « part », « prend congé », « voyage » . Les baby-boomers ont rompu avec les rituels traditionnels. Ce sont des soixante-huitards, les anciens enfants-rois, expliquent les ethnologues et les historiens à la génération de leurs arrière-petits-enfants. A l’aube de 2030, les baby-boomers désormais octogénaires commencent à mourir en nombre, en bonne santé pour la plupart. Il est devenu hors de question de rater sa sortie et de casser le moral des autres. Le fin du fin est désormais de partir seul, de se retirer sans prévenir, sans risquer de gêner. Dans ce cas, l’Agence, qui se charge de tout, expédie une sorte de document indiquant un « changement d’adresse définitif à la liste des destinataires prévue. Chacun d’eux est quitte. On envoie un mot ou un chèque au correspondant mortuaire mentionné sur la liste. Pas besoin de se déplacer. Jean-Yves Ruaux imagine avec humour, dans un exercice de style, les pratiques funéraires en 2030. 
Les cahiers de la FNADEPA , mars 2008.