Droit des malades et fin de vie : la loi peut répondre à la demande de mort

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
01 juillet 2008

Pour Jean Leonetti, la loi sur la fin de vie de 2005, qui porte son nom, reste trop mal connue du milieu médical. « Elle a été mal comprise, dévoyée, voire détournée. Le fait que beaucoup de gens continuent à mourir en souffrant à l’hôpital, alors que la loi autorise le double effet, c’est-à-dire le fait de calmer quelqu’un même si cela entraîne la mort, est scandaleux ». « Si la médecine décide d’arrêter les traitements, parce qu’elle estime qu’il n’y a plus rien à faire, il faut qu’elle aille jusqu’au bout de sa démarche et accompagne jusqu’à l’endormissement. Nous pouvons éviter les longues agonies pénibles, offertes en spectacle à des proches désemparés. Le médecin doit préserver la dignité du mourant : la sédation terminale n’est pas inscrite dans la loi, mais s’il faut l’écrire, on le fera ». Après trois mois d’auditions, le député rejette toute exception d’euthanasie, autorisée par un comité d’experts, pour les malades incurables qui réclament la mort : « de quel droit, des experts, placés au-dessus des citoyens, pourraient dire si une personne peut mourir ou non ? Et s’ils refusent, devant quelle instance faire appel ? ». Les juristes sont également réticents à instaurer une exception d’euthanasie a posteriori pour des personnes qui auraient tué un proche par compassion. Que répondre aux malades incurables qui demandent la mort, demande Cécile Prieur, du Monde ?« Quand elle s’exprime à quelques mois ou semaines de la fin de vie, la loi actuelle peut y répondre. Pourquoi accepter de tuer quelqu’un alors qu’on peut, avec l’arrêt des traitements et l’accompagnement sans douleur, lui offrir une fin de vie apaisée ? Au travers de la demande de mort, il faut entendre des appels à l’aide sur des souffrances qui peuvent et doivent être soulagées. Si la personne en fin de vie est entourée, accompagnée, si on lui ôte ce sentiment d’être inutile et néfaste à ses proches ou à la société, alors, souvent, la demande de mort disparaît », répond Jean Leonetti.
Le Monde, 20-21 juillet 2008.