Antipsychotiques et réduction de l’espérance de vie

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Date de rédaction :
01 janvier 2009

L’administration prolongée d’antipsychotiques (neuroleptiques) réduit l’espérance de vie des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, selon une étude randomisée conduite par Clive Ballard du King’s College de Londres, menée auprès de cent soixante-cinq personnes malades vivant en institution et recevant soit des antipsychotiques (thioridazine, chlorpromazine, halopéridol, trifluoropéridol ou rispéridone), soit un placebo, et suivie pendant quatre ans. La probabilité cumulée de survie à douze mois était de 70% chez les personnes sous antipsychotiques contre 77% chez les personnes sous placebo. La différence de survie s’accentue au fil du temps : 46% contre 71% à deux ans, 30% contre 59% à trois ans. Cette étude est la première du genre à être menée sur une aussi longue période. Les antipsychotiques sont souvent utilisés, en dehors de leurs indications officielles, chez des personnes atteintes de maladie d’Alzheimer, pour corriger ou prévenir les périodes de grande agitation et l’agressivité. De tels résultats conduisent à remettre en question l’usage qui peut être fait des médicaments antipsychotiques chez ces malades. Cet usage se fonde sur une série d’études récentes montrant un bénéfice modeste et de courte durée (six à douze semaines) pour lutter contre les troubles du comportement. Les auteurs ne remettent pas en cause cet usage ponctuel, à de faibles doses, des antipsychotiques les plus récents, mais condamnent leur utilisation prolongée, pratique répandue et qui entraîne, au Royaume-Uni, des dépenses annuelles de l’ordre de quatre-vingt millions de livres (quatre vingt dix millions d’euros). Ils plaident pour des interventions psychosociales et des soins individualisés, et estiment que l’usage fréquent et prolongé des antipsychotiques en institution est le reflet d’une insuffisance de personnel et d’une insuffisance de formation. En Europe et en Amérique du Nord, la proportion de malades en institution à qui ces médicaments sont prescrits sur une longue période est estimée entre 30% et 60%.
Le Monde, 12 janvier 2009. Lancet Neurol. Ballard C et al. The dementia antipsychotic withdrawal trial (DART-AD): long-term follow-up of a randomised placebo-controlled trial. 9 janvier 2009.