Reconnaissance des émotions et cognition sociale

Interventions non médicamenteuses

Date de rédaction :
30 novembre 2011

Pierre Krolak-Salmon, professeur à l’Université Claude-Bernard Lyon-1 et responsable du centre mémoire de ressources et de recherche (CMRR) de Lyon, rappelle que « la cognition sociale comporte l’ensemble des fonctions cognitives intervenant dans les interactions entre les individus d’une même société. Elle inclut les capacités de détection des messages sociaux comme l’expression des émotions, l’attribution des états mentaux et des intentions d’autrui, et les capacités d’empathie lorsqu’il s’agit de partager des sentiments émotionnels. La reconnaissance des messages sociaux, en particulier émotionnels, conditionne en partie l’intégration sociale ». A cet égard, « les visages représentent un très puissant vecteur de communication sociale, en permettant de délivrer de façon rapide et subtile des informations précises sur l’identité de la personne, le genre, son origine ethnique, mais aussi son état émotionnel par l’expression faciale ou la direction du regard ». Des systèmes anatomiques et fonctionnels spécifiques (réseaux neuronaux) sont dédiés à la reconnaissance des visages et des différents paramètres faciaux. Certains réseaux neuronaux diffus peuvent régir en moins d’une seconde à des émotions telles que la peur ou le dégoût. Des altérations de la cognition sociale, en particulier la reconnaissance des états émotionnels d’autrui, pourraient permettre d’expliquer, du moins en partie, certaines modifications psycho-comportementales précoces observées dans certaines maladies neurodégénératives, notamment les démences fronto-temporales, la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson, les démences à corps de Lewy et les démences vasculaires. « Ce type de déficit resté méconnu pendant longtemps » est associé à « un désinvestissement social, une mauvaise interprétation des codes sociaux, induisant des réactions émotionnelles inadaptées, parfois des troubles du comportement comme une irritabilité, voire une agressivité, une labilité émotionnelle ou au contraire une indifférence affective. Alors que les déficits de la mémoire, du langage, des fonctions exécutives notamment, sont connus et décrits dans la littérature depuis de nombreuses années, ce type d’altération de la cognition sociale n’a fait l’objet d’études scientifiques que récemment », explique le neuro-gériatre.

Krolak-Salmon P. La reconnaissance des émotions dans les maladies neurodégénératives. Revue de médecine interne 2011 ; 32(12) : 721-723. 18 novembre 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22093797.