Musique (2)

Interventions non médicamenteuses

Date de rédaction :
17 décembre 2011

En France, l’équipe d’Emmanuel Bigand, directeur du laboratoire de psychologie cognitive des apprentissages LEAD de Dijon (CNRS UMR 5022), travaille sur l’utilité de la musique pour la stimulation cognitive des patients atteints de la maladie d’Alzheimer, et la lutte contre le vieillissement cognitif par l’apprentissage et la pratique musicale chez les jeunes seniors, en partenariat avec le Conservatoire de région. Ariane Bouhours, du Journal du Centre, relate les premiers résultats, selon elle « bluffants » d’une expérimentation sur la mémoire, menée auprès d’une trentaine de résidents de deux établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) de l’hôpital de Decize (Nièvre), atteints de troubles cognitifs parfois sévères. Premier enseignement : le rythme choisi, une fois par mois, est le bon. « On pensait que les personnes âgées auraient tout perdu entre les séances. C’est faux. Une relation se crée. Un apprentissage se met en place. Cela se voit, car l’attitude des résidents change. Il y a une familiarité plus grande avec les musiciennes », explique Emmanuel Bigand. Deuxième résultat : les résidents aiment ces séances : « leur anxiété diminue, et on ressent le plaisir qu’ils prennent à ces jeux. Leurs visages s’ouvrent. Il y a une confiance, une complicité qui s’établissent. Et il n’y en a pas un qui ne fait rien. Même s’ils ne chantent pas, ils participent ». Ces transformations des visages sont filmées. « L’objectif est de définir une action musicale stimulante pour garder l’attention des personnes âgées, faire plus que de l’animation ». Entre les séances, le chercheur estime que des activités relais seraient nécessaires, par exemple en mettant en place des bornes permettant aux résidents de réécouter des morceaux. Les personnes âgées commencent même à apprendre de nouveaux airs, comme la chanson pour enfants Toc, toc, toc. « Dès la deuxième séance, des résidents la fredonnaient. Aujourd’hui, certains la chantent avec nous. Je pense qu’on arrivera à leur apprendre, au total, trois ou quatre chansons ». L’expérimentation, qui portait au départ sur des airs locaux, a été élargie à des répertoires et rythmes étrangers, sardes, latins, indiens, brésiliens.