Stimulation cognitive ou engagement social ?
Interventions non médicamenteuses
Les trois termes de stimulation cognitive, d’entraînement cognitif et de réhabilitation cognitive sont souvent confondus, alors qu’ils renvoient à des approches différentes. Selon Linda Clare et Robert Woods, du département de psychologie de l’University College de Londres (Royaume-Uni), la stimulation cognitive est l’engagement dans une série d’activités et de discussions, souvent en groupe, dans le but d’aboutir à une amélioration générale du fonctionnement cognitif et social ; l’entraînement cognitif est la réalisation guidée (en groupe ou en individuel ; sur ordinateur ou avec un papier et un crayon) de tâches standardisées censées refléter des processus cognitifs particuliers, ces tâches étant généralement proposées selon des niveaux croissants de difficulté ; la revalidation (réhabilitation) cognitive est une approche individualisée dans laquelle des buts pertinents pour la personne, en lien avec la vie quotidienne, sont identifiés ; le thérapeute élabore avec la personne et ses proches des stratégies visant à atteindre ces buts, en exploitant les capacités préservées de la personne, les facteurs d’optimisation et les moyens de compensation.
Le blog du Mythe Alzheimer publie une chronique sur le concept de stimulation cognitive, dont la « popularité s’inscrit parfaitement dans le contexte d’une conception du monde focalisée sur l’efficacité, le rendement, la compétition, l’individualisme, la primauté du cognitif. Par ailleurs, l’industrie s’est emparée de ce concept pour développer des produits technologiques de santé cérébrale (brain fitness technology industry) dont l’efficacité est loin d’être prouvée, mais qui contribuent à renforcer une approche réductionniste négligeant la multitude des facteurs influençant la santé cérébrale et le fonctionnement cognitif tout au long de la vie ».
Mettant en cause l’approche du Centre d’expertise nationale de stimulation cognitive (CEN STIMCO) récemment créé en France, Anne-Claude Juillerat van der Linden, chargée de cours à l’Université de Genève et Martial van der Linden, professeur de psychologie clinique aux Universités de Genève et de Liège, défendent « une approche d’intervention individualisée, visant des buts spécifiques dans la vie quotidienne de la personne et fondée sur différents types de facteurs psychologiques (cognitifs, affectifs, socio-relationnels, motivationnels, culturels) : une approche plurielle et intégrée. En parallèle, il s’agirait aussi de favoriser l’engagement des personnes âgées dans des activités communautaires qui contribuent à renforcer leur état physique, leur sentiment d’identité et de continuité personnelle, leur sentiment d’avoir des buts dans la vie et de pouvoir proposer une aide à autrui, leur sentiment de contrôle, leur ouverture vers la société et leurs relations avec les autres générations ».
http://mythe-alzheimer.over-blog.com/article-la-stimulation-cognitive-ou-l-engagement-social-101457228.html, 12 mars 2012. Clare L et Woods RT. Cognitive training and cognitive rehabilitation for people with early-stage Alzheimer’s disease: A review. Neuropsychol Rehab 2004 ; 14(4) : 385-401. www.mendeley.com/research/cognitive-training-cognitive-rehabilitation-people-earlystage-alzheimers-disease-review-5/