Le lien temporel dans la maladie d’Alzheimer

Interventions non médicamenteuses

Date de rédaction :
23 novembre 2012

Kristina Herlant-Hémar, docteur en psychologie et psychanalyse, psychologue clinicienne à l’EHPAD Les Marquises à Marcq-en-Bareul (Nord), prix de thèse 2012 de la Fondation Médéric Alzheimer, et Rosa Caron, maître de conférence en psychopathologie à l’Université Lille III (EA 3522 Paris VII), écrivent : « Alors que la démence est souvent envisagée comme une pathologie de la perte, peut-être pourrions-nous (…) penser le désordre démentiel comme une maladie du lien ». Pour les auteurs, « la pathologie démentielle touche les liens temporels, déconstruisant l’ordonnancement chronologique du temps en passé-présent-futur, pour le faire répondre à un autre type de rationalité, s’apparentant davantage à celui des processus inconscients. Les souvenirs, qui ne sont plus racontés, au sein d’un récit de soi, comme des événements appartenant au passé, prennent place dans un vécu actuel. Les liens entre les souvenirs, ceux au sein du langage, les liens logiques, sont grandement altérés. Le lien à soi et le lien à l’autre se modifient, de fait, profondément. Dans ce contexte le clinicien peut se prêter comme support de maintien de sens et de temporalisation. Par sa présence même, il vient signifier que quelque chose est pensable, par son écoute même, quelque chose devient « entendable », par sa sollicitude même, quelque chose de l’ordre du désir se mobilise. Ainsi le transfert s’engage-t-il entre le patient et le clinicien, mais également avec la famille et l’institution, telle une constellation transférentielle. La présence du clinicien laisse entendre à l’équipe soignante et à l’entourage que du sens peut être mis sur ce qui se joue sur la scène du désordre démentiel, et le désir du clinicien qui se rend au chevet du malade autorise, voire suscite, le désir chez l’autre, révélant là aussi des effets de transfert, sous-tendus par des effets de parole ».

Herlant-Hémar K et Rosa Caron. Le rythme comme générateur de continuité chez le sujet en proie à la démence avancée. Eres. Cliniques méditerranéennes 2012 ; 2(86) : 229-243. Octobre 2010. www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=CM_086_0229.