Sommeil et Alzheimer : changer d’approche (2)

Interventions non médicamenteuses

Date de rédaction :
15 février 2013

La maison de retraite de Saint-Germain-La-Ville (Marne) a reçu le Grand prix des donateurs 2012 de la Fondation Médéric Alzheimer pour son dispositif Noctambule. Dans L’Union-L’Ardennais, la directrice Françoise Desimpel explique : « J’ai accueilli un résident qui présentait une démence vasculaire envahissante, à la suite d’un accident vasculaire cérébral (AVC). Il avait auparavant été admis à l’hôpital psychiatrique, où il avait été soigné comme tel. Nous nous sommes très vite aperçus qu’il ne savait plus ce qu’était que dormir dans un lit, et encore moins dormir la nuit. Il déambulait tout le temps, jour et nuit, à la recherche de la présence rassurante de sa femme, allant jusqu’à réclamer de l’affection à des résidentes. Un jour pas fait comme un autre, l’une d’elles a crié. Il a pris peur et l’a bousculée. Conscients que la structure n’était pas adaptée à son besoin d’accompagnement, nous nous sommes résolus à le renvoyer dans un hôpital psychiatrique – non sans vivre la situation comme un échec. Le sachant errer d’un établissement à un autre, j’ai compris que nous ne pouvions nous arrêter là. J’ai donc imaginé le dispositif Noctambule, nécessitant l’embauche d’un agent supplémentaire et la création d’un espace suffisamment contenant. » De quoi s’agit-il ? « Après le repas du soir, les personnes âgées s’angoissent à l’idée de se retrouver seules. L’idée était de créer un lieu confortable et rassurant, permettant d’accueillir les résidents ne parvenant pas à trouver le sommeil. Ils s’y retrouvent autour d’une collation et participent à des activités pouvant varier d’un soir à l’autre : jeux, bavardages, télévision… prétextes à être ensemble et à être bien. Revêtu d’un pyjama, l’agent noctambule, qui officie de 19h30 le soir à 5h30 du matin, observe les résidents, s’adapte à eux comme à leurs besoins. Il les accompagne dans leur chambre une fois que le sommeil vient. » L’Agence régionale de santé (ARS) Champagne-Ardenne a autorisé une expérimentation de six mois avec des crédits disponibles de la maison de retraite, pour démontrer les effets du dispositif sur les troubles du sommeil. Quels résultats ? « Le nombre d’incidents a baissé considérablement : réveils, cris et chutes se sont faits plus rares. Parce qu’elles dormaient enfin d’un meilleur sommeil, les personnes que nous prenions en charge dans le cadre du dispositif étaient plus participatives en journée. N’étant plus dérangés en pleine nuit, les autres résidents s’en trouvaient fort satisfaits. Quant au personnel, il était moins stressé. Au vu de tous ces résultats, l’Agence régionale de santé a accepté que nous continuions. Mieux encore : elle a débloqué des crédits pour financer le dispositif jusqu’à la fin de l’année 2013. »