Clinique du délire

Interventions non médicamenteuses

Date de rédaction :
16 juin 2013

Kristina Herlant-Hémart, docteur en psychopathologie et psychanalyse, est lauréate du prix de thèse 2012 de la Fondation Médéric Alzheimer pour son travail intitulé « Temporalité et désordre psychique. Rencontres au temps de la démence ». Elle exerce comme psychologue clinicienne au centre de psychothérapie de l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul à Lille. Avec son directeur de thèse Rosa Caron, maître de conférences à l’Université Paris-Diderot (CRPMS EA 3522), elle s’intéresse à la relation entre le délire des personnes atteintes de démence et leur identité. « L’entrée dans le grand âge représente un moment de crise où la confrontation à la perte est massive et souvent vécue douloureusement. La perte des capacités physiques, celle des proches, du statut social, du logement, peuvent entraîner un véritable bouleversement identitaire, qui peut soit être dépassé au profil d’un nouvel équilibre, soit, dans d’autres cas, être à l’origine de troubles psychiques ». Les auteurs proposent une réflexion sur la décompensation sur un mode délirant, à thème de persécution, avec comme toile de fond un syndrome démentiel débutant chez une femme de soixante-dix ans. « La clinique avec des patients « délirants » atteints de pathologies démentielles confronte le clinicien à la question du sens que revêt le délire du point de vue du sujet. C’est en étant à l’écoute de ses propres ressentis, et en s’écartant soi-même du sillon tracé par les idées délirantes prises au pied de la lettre, qu’il peut ainsi approcher cette souffrance existentielle. S’intéresser au délire comme à une clef permettant d’approcher la fonction désirante offre au clinicien d’envisager une unité de sens susceptible de lui faire supporter le vécu chaotique que génère cette relation avec le patient ». Les auteurs décrivent ce qu’elles ont appris auprès de la personne malade : « en cheminant pas à pas auprès d’elle et en nous laissant enseigner le langage que révèlent ses comportements délirants, nous avons compris qu’ils revêtaient en leur sein une fonction identitaire tout-à-fait surprenante : dans le cas de cette personne, le délire apparaît comme « tentative de restaurer l’assise identitaire qui se fragmente dans l’atteinte démentielle », en « permettant le maintien d’une certaine cohésion psychique dans une réalité devenue soudainement insoutenable »

Herlant-Hémart K et Caron C. Clinique du délire dans le désordre démentiel. L’évolution psychiatrique, 9 mai 2013.